Carnet Spirituel n°75 : Le Problème du mal

Éditorial

Dans un précédent carnet, j’avais cité ce propos de Bernanos : « Le scandale de l’univers n’est pas la souffrance, c’est la liberté. Dieu a fait libre sa création, voilà le scandale des scandales, car tous les autres scandales procèdent de lui. »

Au moment de conclure notre série sur la Bonté, il peut être utile d’y revenir, car le Père affronte le scandale des scandales : le refus et le péché ! L’homme dont la grandeur est dans cette liberté que Dieu lui a donnée pour que cet homme puisse le choisir et l’aimer sans y être contraint… L’homme préfère user de cette faculté pour se livrer à lui-même. Sa liberté se referme sur son moi au lieu de s’ouvrir à Dieu. Tous les drames humains découlent de ce premier drame : l’homme use de sa liberté pour refuser Dieu au lieu de consentir à sa grâce ! Sa liberté lui sert à agir contre Dieu au lieu d’agir avec Dieu ! Tel est le cœur de tous les péchés !

Saint Bernard a écrit sur ce point un « Traité de la Grâce et du Libre Arbitre ». Il se demande « quel est le rôle du libre arbitre ». Et il répond : « Je vous répondrai en deux mots que son rôle, c’est d’être sauvé. En effet, supprimez le libre arbitre et il n’y aura plus rien à sauver, de même que si vous supprimez la grâce, il n’y a plus rien qui sauve ; l’un et l’autre sont nécessaires au salut, l’une pour l’opérer, l’autre pour en profiter ou le recevoir ; c’est Dieu qui est le principe du salut, mais c’est le libre arbitre qui en est l’objet ; nul ne peut sauver si ce n’est Dieu, et nul ne peut être sauvé si ce n’est le libre arbitre ; il n’y a que celui-ci qui puisse recevoir ce que celui-là seul peut donner. Mais le salut ne dépend pas moins du consentement de celui qui le reçoit que de la grâce de celui qui le donne, et c’est ce qui me fait dire que le libre arbitre coopère avec la grâce en consentant, c’est-à-dire en faisant son salut, puisque consentir, pour lui est la même chose que se sauver ».

Consentir, c’est être sauvé… refuser, c’est être damné ! Rien n’est plus certain, mais je ne veux pas m’étendre sur ce point pourtant si capital,

Mais cette série ne pouvait s’achever sur des pensées aussi austères, et la Vierge Marie viendra nous rassurer avec ces belles pensées sur son humilité, sur son intelligence, sur sa perfection. Ces textes ont déjà été publiées en partis dans notre livre sur « la Vierge Marie » mais les relire nous permettra peut-être d’en mieux pénétrer le sens. Celui sur la « plénitude de l’humilité » est d’une beauté que je n’ai jamais goûtée ailleurs.

Lisez et confiez votre cœur à La Vierge qui ignore ce que peut être le refus, qui ne sait pas même la définition du péché… Elle dont toute l’âme Immaculée n’a été que OUI à la Bonté divine.

 

Abbé Michel Simoulin