Carnet spirituel n° 43 : Le sacrement de pénitence (2e partie)
Éditorial
Ce livret achève la série sur la pénitence, et nous y avons ajouté
quelques autres conférences, qui n’en font pas partie, mais la
complètent fort bien, sur le Confiteor et sur la Confession.
La dernière conférence de la série est consacrée à la vertu
de pénitence, vertu rébarbative et pourtant indispensable, non seulement
à la qualité de nos confessions, mais aussi à la qualité de notre vie
morale, voire même théologale. Il est heureux que le Père ait achevé
cette série avec ces considérations, car nous aurions couru le risque
d’oublier l’importance de cette vertu pour que le sacrement obtienne
toute son efficacité.
Le R.P. Hugueny, dans l’avant-propos du premier volume consacré à la pénitence, relève ceci :
« Habitués dès notre jeune âge à nous confesser pour
nous préparer à la communion, nous sommes tout d’abord surpris de voir
la Pénitence inscrite après l’Eucharistie, dans le catalogue des
Sacrements dressé par saint Thomas et adopté par nos catéchismes.
Les chrétiens des premiers siècles, dont un certain nombre ne
se sont jamais confessés, auraient été surpris de notre étonnement, et
ce sont eux qui ont raison.
Le sacrement de Pénitence n’a pas pour objet propre la
rémission des péchés véniels, la purification de toutes les poussières
dont le chrétien voyageur en ce monde se souille inévitablement, le long
de son chemin d’épreuve. C’est au cours du Ve siècle seulement qu’on a
commencé, dans les monastères, à se servir du sacrement de Pénitence
pour la purification des péchés véniels qui, encore aujourd’hui, peuvent
nous être remis sans le sacrement.
C’est comme remède aux fautes graves que le sacrement de
Pénitence a été institué. Or les fautes graves sont un accident anormal
dans la vie d’un baptisé, un accident que la vie chrétienne ne devrait
pas connaître et que nombre de vies chrétiennes, encore aujourd’hui, ne
connaissent pas. Il s’ensuit que le sacrement de Pénitence n’est pas
nécessaire à tous les chrétiens et que par conséquent, dans l’ordre des
sacrements, il vient après le Baptême, la Confirmation et l’Eucharistie,
sans lesquels aucun individu chrétien ne peut avoir sa pleine vitalité.
(IIIa Pars, Qu. 65, a. 2.)
Traitant donc de la Pénitence, après avoir traité de
l’Eucharistie, saint Thomas nous donne la division de son étude: 1. De
la Pénitence en elle-même, sous la double forme qu’elle a dans l’Église,
d’abord sous sa forme de sacrement institué par le Christ pour donner
une nouvelle efficacité à la vertu de pénitence, dont les actes sont
matière du sacrement, puis sous sa forme de simple vertu surnaturelle. »
Nous laisserons la suite pour nous arrêter à ces réflexions,
qui suggèrent que le sacrement ne peut agir efficacement que s’il trouve
en l’âme la vertu du même nom, à laquelle il vient donner une nouvelle
efficacité.
Et dans ses analyses, saint Thomas lui-même relève que la
vertu de pénitence appartient, en quelque sorte, à l’ensemble des vertus
chrétiennes : « La pénitence, bien qu’elle soit directement une
espèce de la justice, comprend cependant d’une certaine façon des
éléments qui appartiennent à toutes les vertus.
En tant qu’elle est une justice réglant certains rapports de
l’homme avec Dieu, elle doit avoir quelque chose des vertus théologales
qui ont Dieu pour objet.
De là vient que la pénitence inclut la foi en la passion du
Christ par laquelle nous sommes justifiés du péché, l’espérance du
pardon, et enfin la haine des vices, qui relève de la charité.
En tant qu’elle est vertu morale, elle a quelque chose de la prudence qui gouverne toutes les vertus morales.
Du fait même qu’elle est justice, non seulement elle a ce qui
appartient à la justice, mais encore ce qui relève de la tempérance et
de la force, en tant que les objets qui nous apportent une délectation
modérée par la tempérance, ou nous causent un effroi calmé par la force,
viennent à se rencontrer avec la matière de la justice.
C’est à ce titre qu’il appartient à la justice de régler
notre abstention des plaisirs sensuels, qui relève de la tempérance, et
notre support des adversités, qui relève de la force. » (IIIa, 85, 3. Ad 4)
Puisse cette série qui s’achève nous aider à ne pas craindre
le sacrement qui, s’il n’est pas toujours strictement nécessaire, aidera
la vertu dont il porte le nom à mettre de l’ordre dans notre âme
blessée, pour que toutes les autres vertus s’ordonnent en vue de notre
perfection.
Abbé Michel Simoulin