Carnet spirituel n° 80 : Le Christ (2e partie)
Nous avons tous à l’esprit l’image d’un crucifix. Il y en a tellement qu’il est difficile de choisir, de dire lequel nous parle le plus, nous évoque le mieux ce que fut la passion de notre Sauveur.
Le visage du Saint-Suaire est sans doute le plus proche de la vérité, et il nous manifeste une pensée que relève le Père dans ce carnet : « Il n’est pas celui qui a le plus souffert…Il est celui qui a le mieux souffert ! ».
De fait, lorsqu’on parcourt l’interminable liste des tortures humaines, il en est beaucoup qui surpassent en horreur et en intensité les souffrances du Calvaire et de la Croix.
Ce qui fait l’intensité unique et supérieure, c’est sans doute d’abord la sensibilité divine de la nature humaine de Jésus, mais c’est surtout l’immensité de l’amour qui embrase le Sacré-Cœur et lui fait non seulement accepter, mais offrir ces souffrances. Nul être humain n’a pu vouloir, aimer et offrir cette souffrance autant que Lui… non pas par attrait vers la souffrance qui demeure un mal, mais pour s’en saisir et la transformer en la preuve d’amour la plus absolue qui puisse être offerte à Dieu.
C’est pour cela que les crucifix les plus expressifs et les plus vrais sont toujours nimbés d’une ombre de beauté. Un vrai crucifix n’effraie pas… il impressionne mais il ne fait pas peur… il peut même attirer et faire pleurer d’émotion.
Jésus ne peut pas ne pas être beau, quel que soit son état… enfant, adulte, crucifié, ressuscité, glorieux… il est toujours Dieu, toujours beau.
Saint Augustin a une page magnifique dans son commentaire du psaume 44 :
« Speciosus forma prae filiis hominum:
diffusa est gratia in labiis tuis.
Splendide de beauté, vous surpassez les enfants des hommes;
la grâce est répandue sur vos lèvres.
Voici l’Époux lui-même qui se présente à nous, aimons-le. Il nous a aimés le premier. Il s’est revêtu de notre condition, au point que l’on a pu dire : « Nous l’avons vu, il n’y avait en lui ni grâce ni beauté » (Is 53, 2), même alors, si tu considères la miséricorde qui l’a fait s’incarner, il est beau.
Pour nous qui avons la Foi, partout cet Époux nous apparaît dans sa beauté. Beau en sa qualité de Dieu, étant le Verbe de Dieu, beau dans le sein de la Vierge, où sans perdre la divinité, il a pris notre humanité, beau, le Verbe né enfant, quand il prenait le sein, quand il était porté sur les bras :
Les cieux ont parlé,
Les anges ont chanté,
Une étoile a conduit les mages,
Dans une crèche il a été adoré,
Dans la mangeoire de ruminants.
Beau dans le ciel, beau sur la terre, beau dans le sein de sa mère, beau dans les bras de ses parents, beau dans ses miracles, beau sous les fouets, beau quand il invitait à la vie, beau quand il méprisait la mort, beau quand il déposait son âme, beau quand il la reprenait, beau sur la croix, beau dans le sépulcre, beau dans les cieux.
Comprenez donc bien le cantique que vous entendez, et que la pesanteur de votre chair ne détourne pas vos yeux de l’éclat de sa beauté. La beauté souveraine et authentique c’est la justice. Tu ne peux découvrir sa beauté, en te livrant à l’injustice. Si donc il est toujours juste, il est toujours beau. »
Abbé Michel Simoulin