Carnet Spirituel n°65 :
La lumière de la Foi

Éditorial

La couverture vous aura peut-être surpris, et elle mérite donc quelques explications.

Vous n’avez pas oublié que l’année 2020 marque le centenaire de la canonisation de sainte Jeanne d’Arc le 16 mai 1920 par le pape Benoît XV. Nous ne pouvions par faire un numéro spécial à son sujet, puisqu’il a déjà été fait en mai 2012, avec 5 homélies du Père.

Ce qui vous intrigue peut-être est l’origine de la statuette, et je vais vous l’expliquer brièvement car c’est toute une histoire qui se réfère à une enfant Jacqueline et à ses souvenirs conservés dans un ouvrage introuvable : la Vigne en fleurs, réalisé par le R.P. Lelong, O.P. décédé le 10 avril. Ce bon père avait eu entre les mains des textes écrits par une enfant décédée à l’âge de 12 ans, en 1921. Il en fit un recueil.

Ayant eu la grâce de l’avoir entre les mains, cet ouvrage m’a séduit et j’y ai lu ceci (le style enfantin a été conservé) : « Un jour que mon petit Papa était en permission, il m’avait emmenée promener, et on avait rentrer dans l’atelier du maître Mercier, qui était pas mort, et qui travaillait devant nous. Papa m’avait mise sur ses épaules pour pas que je touche à rien, et le Maître et Papa ; ils causaient de belles choses, et tous les deux ils m’avaient expliqué bien des choses de l’art ; même que Mercier avait demandé qu’on m’amène quelquefois dans son atelier, à cause que je l’amusais et qu’il aimerait me parler et faire mon buste, et il l’a fait l’année dernière, et je suis dans la galerie de tableaux et de sculptures chez Grand’Père. Alors, ce jour-là, avec Papa, je me suis intéressée, et voilà qu’en montrant son œuvre qui était commencée, la « Victoria Victoribus » Mercier a eu du chagrin, il a dit à papa qu’il était mourant. Alors Papa lui a parlé avec du chagrin aussi, et il a dit : « et moi, ne suis-je pas un mourant ? Qui me dit que cette permission n’est pas la dernière ? » et il a ajouté en félicitant le Maître : « En tout cas, que regrettez-vous ? Ne laissez-vous pas une œuvre idéale et immortelle ? » Alors, Mercier a souri et il a répondu en me prenant la tête : « Comte ? Ne laissez-vous pas, si tant est que vous tombiez, ne laisserez-vous pas une œuvre autrement belle et immortelle ? » L’œuvre de Papa c’était moi. Vous savez ils étaient beaux tous les deux ; ils se sont longtemps regardés, Papa a tenu les mains du Maître et moi je n’osais pas bouger. Et puis Mercier a dit : « Soyez fier et heureux, mon jeune ami, moi je glorifie la France et sa victoire, mais vous, vous les faites ! » 

Ne sachant qui était ce Mercier, j’ai cherché et j’ai découvert que le sculpteur Antonin Mercié (et non Mercier) fut un artiste « académique » au plus haut point. Grand prix de Rome, il fut médaillé en divers salons et bénéficia de commandes officielles. Il est bien oublié aujourd’hui, quoique ses œuvres peuplent encore des places publiques en diverses villes. L’une des plus célèbres est celle que mentionne Jacqueline : « Gloria victis » (Gloire aux vaincus) – et non « Victoria victis », comme elle l’appelle par erreur. 

En fouillant encore, j’ai découvert cette Jeanne d’Arc. Je ne sais où se trouve l’original, mais cette reproduction m’a séduit : notre grande Jeanne en armes et en prière ! Un beau symbole : les armes ne servent à rien si elles ne sont au service de la foi, et portées par une âme en prière !

Je n’en dirai pas davantage aujourd’hui et vous laisse méditer les textes du Père sous le regard lumineux de notre grande Jeanne.

Abbé Michel Simoulin