Carnet spirituel n° 55 : Le Sacré – (3e partie)
Éditorial
« Petit à petit, le chiffre des numéros des carnets grimpe »…
m’écrivait M. de Chivré. Cela est vrai… mais pas le nombre des
abonnés ! Que faire pour que le Père que tous apprécient lorsqu’ils le
découvrent, soit davantage connu, lu et entendu ? N’oubliez pas d’être
« apôtres », et de nous aider dans cette belle œuvre.
En corrigeant ces conférences, je me disais qu’il était
prophète : il voyait déjà dans ses germes l’état de notre société
d’aujourd’hui, et il insistait pour que, par les sacrements et sous la
sage direction des consacrés, les âmes baptisées conservent à leur vie
sa qualité sacrée ; et il insistait toujours sur l’importance de
l’éducation. À vous de lire et, surtout de traduire en actes !
Dans la troisième conférence, le père évoque une réflexion de
Padre Pio au sujet des prêtres. En fait il s’agit d’une plainte de
Jésus lui-même rapportée par Padre Pio à son père spirituel le 7 avril
1913. Voici la teneur de cette lettre bouleversante, qui illustre
terriblement la justesse des propos du Père :
Vendredi matin, Jésus m’apparut alors que j’étais encore
au lit. Il était en bien piteux état, méconnaissable. Il me montra une
foule de prêtres réguliers et séculiers, dont plusieurs dignitaires de
l’Église; parmi eux, certains célébraient, d’autres se paraient de leurs
ornements sacerdotaux ou les enlevaient.
La peine qu’il éprouvait me faisait mal et je demandai à
Jésus la raison de sa souffrance. Je n’obtins pas de réponse. Il
continuait, le regard horrifié, de fixer ces ecclésiastiques. Comme s’il
était las de regarder, il leva les yeux sur moi et je découvris avec
effroi que deux larmes coulaient sur ses joues. Il se détourna de tous
ces prêtres avec une expression de dégoût et s’écria: «Bouchers !»
(N.B. Le mot dans sa langue d’origine a une consonance plus
percutante : Macellai !) Puis, s’adressant à moi: « Mon fils, ne crois
pas que mon agonie n’ait duré que trois heures ; non, à cause des âmes
que j’ai le plus comblé de bienfaits, elle durera jusqu’à la fin du
monde. Pendant le temps de mon agonie, il ne faut pas dormir, car mon
âme a besoin de quelques larmes de pitié humaine. Hélas, les hommes me
laissent seul sous le poids de leur indifférence. L’ingratitude et le
sommeil de mes ministres rendent mon agonie plus pénible. Hélas ! Comme
ils répondent mal à mon amour ! Ce qui m’afflige le plus, c’est qu’à
leur indifférence, ils ajoutent mépris et incrédulité. Que de fois j’ai
été sur le point de les foudroyer, si je n’avais été retenu par les
anges et les âmes qui me sont acquises … Écris à ton père spirituel en
lui relatant tout ce que tu as vu et entendu de moi ce matin. Dis lui
de communiquer la lettre au père provincial… »
Comme Jésus a raison de se plaindre de notre ingratitude !
À cette plainte de Jésus, les conférences du Père donnent un
écho qui mérite d’être médité, alors : bonne et sage lecture !
Abbé Michel Simoulin