Carnet spirituel n° 47 : La Volonté, principe d’Amour

Éditorial

Le RP. Calmel, dans un ensemble de maximes pour le vie spirituelle, citait cette réflexion de Gustave Thibon : « Faire effort sans compter sur soi ; unir la volonté à l’abandon ; faire de la volonté elle-même non un instrument d’affirmation de soi, mais une barrière qui protège le silence intérieur de l’âme et sa défaillance continuelle en Dieu. »

      Il ajoutait quelques commentaires : Faire effort parce que Dieu qui nous a créés sans nous ne nous sauvera pas sans nous (saint Augustin) ; parce qu’il veut nous faire l’honneur de coopérer à sa grâce. Faire effort sans compter sur soi parce que la grâce de coopérer est souverainement gratuite ; parce que nous restons toujours défectibles ; parce que nous ne pouvons mériter de persévérer. Unir la volonté à l’abandon. C’est Jésus seul par sa sainte humanité, instrument conjoint de la divinité, qui fait réussir nos efforts. Nous en remettre à lui de l’heure et de la qualité du succès. Cette patience, cette remise totale demandent un grand esprit de pauvreté et sont un des effets de la vertu d’espérance. Faire de la volonté elle-même non un instrument d’affirmation de soi mais une barrière qui protège le silence intérieur de l’âme et sa défaillance continuelle en Dieu. Autrement dit la faculté qui est employée si souvent soit à nous affirmer, soit à consentir au découragement (ce qui est un autre moyen de revenir sur nous-même) cette faculté, la mettre en œuvre pour empêcher les retours sur nous et les bruits, discours et agitations qui ne sont pas selon Dieu, qui empêchent cette détente en Dieu, à la fois douce, ferme et pure.

      Tout cela est bel et bon mais, à mon sens encore insuffisant car la volonté est la faculté de l’amour, et son rôle n’est pas seulement de nous protéger mais de nous porter hors de nous-même pour nous jeter en mieux que nous-même, et, en définitive, en Dieu. Par la foi, la vérité divine s’empare de notre intelligence ; par l’espérance, l’âme attend, désire et cherche à jouir de la présence divine ; et par la charité l’âme possède enfin Dieu et ne le quitte plus. Et c’est la volonté qui réalise cette union parfaite, commencée dans la vision de Dieu et consommée dans l’amour. Les anciens aimaient cet adage : Verius est anima ubi amat quam ubi animat. L’âme est davantage là où elle aime que là où elle anime. L’âme anime le corps et le fait vivre, mais c’est par nécessité, non par choix volontaire. Alors qu’elle trouve son bonheur et sa joie dans le bien qu’elle cherche et qu’elle a trouvé. Et c’est par un acte de la volonté, acte d’amour qu’elle l’a trouvé et s’y repose. Tout le monde parle d’amour, mais beaucoup confondent tout, hélas.
      Le Père va nous expliquer tout cela beaucoup mieux que moi, et je vous laisse lire et méditer ces si sages réflexions.

Abbé Michel Simoulin