Carnet spirituel n° 18 : La Valeur

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Éditorial

Après la défaite de 1940, comme on demandait à Charles Maurras ce qui lui semblait le plus nécessaire pour reconstruire la France, il répondit tout à trac : « Un corps de prêtres et un corps d’officiers. » C’est là une vue réaliste, à laquelle on ne peut que souscrire.
Mais le corps a besoin de vertus. Nous pensons principalement à ces vertus militaires qui sont des vertus de l’âme avant d’être des vertus de guerre. Quelles sont-elles ? Le courage, la loyauté, la patience, le sens de la justice, le sens de l’honneur, le goût du sacrifice. » (Demain la Chrétienté. Dom Gérard).
Et le même illustrait ce propos avec un discours prononcé au parlement espagnol en 1850 par Donoso Cortés, discours ponctué de longs applaudissements. Ces réflexions seront la meilleure introduction aux textes de ce 18e carnet.
« Je ne sais pas, Messieurs, si votre attention aura été attirée comme la mienne par la ressemblance, la quasi-identité entre les deux personnes qui semblent être les plus distinctes, les plus opposées, la ressemblance entre le prêtre et le soldat. Ni l’un ni l’autre ne vivent pour soi, ni l’un ni l’autre ne vivent pour leur famille. Pour l’un et pour l’autre c’est dans le sacrifice et dans l’abnégation que se trouve leur gloire. La charge du soldat est de veiller à l’indépendance de la société civile. La charge du prêtre est de veiller à l’indépendance de la société religieuse. Le devoir du prêtre est de mourir, de donner sa vie comme le bon pasteur pour ses brebis. Le devoir du soldat, comme un bon frère, est de donner sa vie pour ses frères. Si vous considérez l’âpreté de la vie sacerdotale, le sacerdoce vous apparaîtra, et il l’est en effet, comme une véritable milice. Si vous considérez la sainteté du métier militaire, l’armée vous paraîtra un véritable sacerdoce. Qu’en serait-il du monde, qu’en serait-il de la civilisation, qu’en serait-il de l’Europe s’il n’y avait pas de prêtres ni de soldats? »
Bonne et forte lecture.

Abbé Michel Simoulin